Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours choisi, de façon à demi consciente, des niches, à tous les niveaux.
La spiritualité en est une, si on la considère d’un point de vue christique.
Est-il utile de rappeler ici le triste sort qui lui fut attribué, hier et aujourd’hui encore ?
Il est évident que la relation tissée avec le Maître relève de l’indicible et du profondément intime
Les seuls points susceptibles d’être relatés concernent la compréhension du mystère de la Déité en l’homme
Et, signe des temps, cette vérité n’intéresse de nos jours presque plus personne
Tant l’immédiateté est de mise, tant la patience n’a plus prix, tant la perspective du chemin semble aride voire amère.
Néanmoins, parler d’autre chose reviendrait à renier mon être
Et il n’est pas question de se travestir ici pour un menu fretin
Je saurais donc me passer de ce que la chaleur humaine nécessite de contrepartie tue
La solitude ne m’est pas inconnue et je m’accommode somme toute assez bien de la Présence du Vide en moi.
Ce n’est pas sans regrets que j’eus souhaité touché plus d âmes
Mais les temps actuels sont, je le comprends, plus propices au tout extérieur
Tout du moins à ce qui détourne de l’essentiel et promets monts et merveilles ainsi que preuves tangibles et rapides.
Choisir une niche n’est pas synonyme de tranquillité mais plutôt de lutte acharnée
Il arrive cependant qu’un jour on finisse par ne plus espérer et que l’on renonce à ce qui était convoité
En sacrifiant sa propre volonté, on peut se sentir abandonné, mais derrière un mal parfois se cache un bien.
Et marcher dans des tréfonds inconnus peut paraître non conventionnel, mais les voies du Seigneur n’ont pas toujours la forme que l’on imagine.
J’ai toujours choisi une niche, comme ces chiens tenus en laisse, que le quidam juge malheureux, méchant ou apeuré
Fidèle et dévoué à son maître aux réactions imprévues et parfois violentes, d’aspect rude et bourru
Mais qui, une fois détaché de sa laisse, se rue sur les gens avec un trop plein de vie, pour leur faire la fête.