J’aurai pu maudire cent fois mon sort, tant les échecs de ces dernières années furent cuisants, sur tous les plans.
Mais voilà, tel Job, je tiens bon et demeure le témoin vivant de la déchéance de ce corps :
Tout n’est que plaie et blessures non cautérisées. Je suis à l’image des maudits de Dieu.
Telle une bête, je suis traquée du levant au couchant, n’ayant nulle part où fuir
Les flèches et brandons de l’Eternel sont contre moi et mes reins fondent comme cire au soleil.
Pourtant je n’envie le sort bienheureux de personne et ne me moque de la vie insignifiante d’aucuns
Il ne reste que moi, juste moi, sans soutènement ni porte d’entrée dans un environnement plus sain.
Ce n’est pas l’enfer où je survis au quotidien, car je ne crains ni ma mort ni personne
Disons que je vis consciemment au Purgatoire depuis ce fameux jour de ma métanoïa, il y a quelques années
Ce fameux lieu où Dieu, en personne, vient réconforter de Sa présence les vicissitudes de la douleur permanente.
Je n’aspire plus à rien. Un bien, un merci, une fleur me ravissent lorsqu’ils sont offerts de bon cœur
L’attachement me pèse aussi car tourner mon cœur vers l’homme est une source de déchirement face à son humeur changeante.
Je m’adapte et je m’efface quand mon sang s’est transmis à un cœur contrit : ma mission secrète sur cette terre sèche
Je suis seul mais bien accompagné. Qui peut comprendre que je reste vivant dans ma tristesse insondable ?
Si la douleur n’était plus, je serais je crois mort, privé de cette connivence qui me ravit en joie instantanément.
Quand je pense que mon chemin n’a été que parsemé de jaloux et d’envieux, de possession et de haine…
Prenez donc mon corps, soyez dans le creuset de mon âme…vous me supplieriez d’en sortir à l’instant !
L’esprit qui m’anime quant à lui n’est pas à vendre. Et il n’est pas un substrat que l’on peut s’approprier
Car je ne le possède pas, en vérité. Il est, de toute éternité, et plane sur moi, telle une épée de Damoclés
Vouloir me tuer revient à LE nier et je ne suis aucunement responsable du devenir des cœurs…
Ô Dieu, pourquoi est-ce si difficile d’aimer en esprit et en vérité ?