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Jean-Plume 4 - Page 59

  • Kery James ou l'équilibre retrouvé


    On s’en fout de tes conditions, on n’a pas les mêmes ambitions
    Tu veux du rap sans opinions, sans prise de position
    Voilà le son de la révolution : conscient, violent mais puissant
    Fais pas le gangster, y suffit pas d’être vulgaire
    On fait du vrai peura…



    Kery James est venu ranimer les cendres du rap français (Je suis venu récupérer le trône ; dites-leur que le fauve est de retour dans la faune), renvoyant dos à dos ceux qui, depuis quelques années déjà, font du rap d’adolescents, encouragés en cela par des maisons de disques aux intentions quelques peu douteuses.

    Avec Kilomaître à la production, on sent, à l’écoute de cet album, qu’il a travaillé d’arrache pied sur ce projet pour arriver à réunir ses deux publics : les puristes du rap des premières heures qui avaient aimé « le combat continue » d’ Idéal J, et ceux plus intéressés par sa conversion à l’Islam qui remonte à cinq ans et son discours de repenti. Ainsi, on ne trouvera qu’une seule référence à l’Islam dans les 17 chansons, qu’il met à l’abri d’hypothétiques comportements violents (et si je deviens violent, l'Islam n'y ai pour rien, ce n'est d^qu'à mes faiblesses).


    Présent depuis plus de 15 ans en tant que MC, Kery n’a jusqu’à maintenant, auprès des publics, qu’un succès d’estime, qu’il compte bien transformer en reconnaissance publique. Des titres comme « banlieusards », « l’impasse », « X&Y » ou « à l’ombre du show business » avec charles Aznavour montrent le regard lucide qu’il porte sur les jeunes de banlieues : il dénonce l’impasse des activités illicites (l’illicite n’est qu’un mirage dans le désert du Ghetto) tant en prônant l’élévation et la valorisation par l’étude et la volonté de réussir là où les anciens (les parents) n’ont pu percer.
    Tout en montrant qu’il reste dans le « game » (c’est le retour du King, comme Ali face à Foreman) pour la place de meilleur MC français (« egotrip », « le combat continue part 3»), Kery James se fait l’un des haut-parleurs de la banlieue ( La banlieue a une voix, je ne suis qu’un de ses hauts-parleurs) et vient rappeler l’ingratitude et l’absence de reconnaissance dont font mine les médias, devant la place qu’a prise le rap au sein de toute une jeunesse de France.

     

    Ce qu’il faudra retenir de l’homme ? Générosité (pas moins de 17 titres à un prix modique), ouverture d’esprit (l’album prend des teintes dancehall, soul, R&B, avec des collaborations de Grand corps malade, Kayna Samet, Chauncey, Black Vner, Dry, Vitaa ou encore J.M Cissoko et Charles Aznavour), effort vers l’objectivité et lucidité (Il ne dénonce ni ne moralise mais énonce les faits avec authenticité), performance artistique (Je rappe hardcore, cru, sans être vulgaire / ça fait 16 ans que je déchire sur le microphone / le constat c’est que Kery James ne rappe comme personne) ainsi qu’un certain sens de l’harmonie. L’album sonne un peu comme un classique du rap français, reste à savoir si la reconnaissance publique suivra.


    Quoi qu’il en soit, c’est une joie pour tout amateur de rap de le retrouver réconcilié avec son coté social plus qu'engagé. Cela montre qu’il n’oublie pas d’où il vient, même s’il lui est arrivé de renier certains actes passés, et donne une touche somme toute plus humaine : celle d’un homme pris dans l ‘étau de ses contradictions et paradoxes (t’imagines pas comme je suis torturé, tiraillé entre deux moi, d’émotions saturé / dans un monde où même l’amour se fait facturer, j’ai du plâtrer ma confiance, j’ai le cœur fracturé...). Cet album n’est qu’un instantané d’un homme au parcours atypique dans le rap français et tout jugement ne peu se faire qu’à l’aune d’un parcours parsemé de doutes, d’embûches, d’échecs ou de réussites ( et même si l’espoir se fane, je continuerai à chanter mes joies, mes larmes, ma vie, ma peau, parce qu’on vient du ghetto…).


    Kery James est de retour avec cet album (à l’ombre du Show Business) qui place la barre très haut artistiquement parlant. Mais 2008 est une année charnière qui voit le retour au premier plan des MC’s de la première heure. Avant les très attendus albums de la Scred Connexion, de Médine (Arabian Panther) et de Rockin Squat (confessions d’un enfant du siècle), les paris restent ouverts à qui remportera la place d’estime revenant au meilleur MC’s français...A suivre, donc.

     

     

  • Cinquième soleil

     

    Au-delà des classes sociales, le vécu singulier rassemble autour d'une vision commune.

    Ceux qui ont été humiliés dans leur coeur, les coutumiers de la souffrance,

    Tous se retrouvent avec un Amour qui n'a pas encore de Nom, diffus...,

    et ce même besoin ou envie de donner, pour la postérité, afin de faire la nique aux murailles.

    La Parole n'a pas d'âge. Quand elle s'exprime et touche, elle provient d'une Ame.

    Pour ceux qui savent l'écouter, sans mettre de mots, elle force le respect.

    Ici même ne comptent ni le bagage, ni le langage, ni ce qui a été bâti.

    La force de l'âge n'est qu'un critère humain pour définir celui qui est sage.

    A l'ombre du Show-business se dressent d'authentiques éveillés sans aucun maître,

    et c'est le monde qui reste sans voix face à tant d'imprévu :

    ces nouveaux venus qui déroutent des plans depuis longtemps établis.

     

     

  • la vérité vous rendra libre

     
    Chapitre 6 d'Esaïe (qui comporte 66 chapitres...)  
     
     

    L'année de la mort du roi Ozias, je vis le Seigneur assis sur un trône très élevé, et les pans de sa robe remplissaient le temple.

    Des séraphins se tenaient au-dessus de lui; ils avaient chacun six ailes; deux dont ils se couvraient la face, deux dont ils se couvraient les pieds, et deux dont ils se servaient pour voler.

    Ils criaient l'un à l'autre, et disaient: Saint, saint, saint est l'Eternel des armées! toute la terre est pleine de sa gloire!

    Les portes furent ébranlées dans leurs fondements par la voix qui retentissait, et la maison se remplit de fumée.

    Alors je dis: Malheur à moi! je suis perdu, car je suis un homme dont les lèvres sont impures, j'habite au milieu d'un peuple dont les lèvres sont impures, et mes yeux ont vu le Roi, l'Eternel des armées. .

    Mais l'un des séraphins vola vers moi, tenant à la main une pierre ardente, qu'il avait prise sur l'autel avec des pincettes.

    Il en toucha ma bouche, et dit: Ceci a touché tes lèvres; ton iniquité est enlevée, et ton péché est expié.

    J'entendis la voix du Seigneur, disant: Qui enverrai-je, et qui marchera pour nous? Je répondis: Me voici, envoie-moi.

    Il dit alors: Va, et dis à ce peuple: Vous entendrez, et vous ne comprendrez point; Vous verrez, et vous ne saisirez point.
    Rends insensible le coeur de ce peuple, Endurcis ses oreilles, et bouche-lui les yeux, Pour qu'il ne voie point de ses yeux, n'entende point de ses oreilles, Ne comprenne point de son coeur, Ne se convertisse point et ne soit point guéri.

    Je dis: Jusqu'à quand, Seigneur? Et il répondit: Jusqu'à ce que les villes soient dévastées Et privées d'habitants; Jusqu'à ce qu'il n'y ait personne dans les maisons, Et que le pays soit ravagé par la solitude;
    Jusqu'à ce que l'Eternel ait éloigné les hommes, Et que le pays devienne un immense désert,

    Et s'il y reste encore un dixième des habitants, Ils seront à leur tour anéantis. Mais, comme le térébinthe et le chêne Conservent leur tronc quand ils sont abattus, Une sainte postérité renaîtra de ce peuple.



  • Mélancolique anonyme

     

    Aimer, c’est s’intéresser à l’autre
    Essayer de comprendre ce qui le meut et l’habite.
    Beaucoup de gens ne s’intéressent qu’à eux-mêmes
    Ils n’aiment que s’écouter parler, dans un monologue clos

    Sur ma route, le monde des épiphénomènes a pris fin
    C’est presque toujours moi qui provoque l’impulsion, la rencontre
    En dehors des « accidents de parcours », lieux de convenance obligée.
    Je ne fais là à autrui que ce que j’aimerai qu’il me fasse en retour

    Je n’ai pour interlocuteur unique qu’un illustre inconnu
    A Ses yeux j’ai plus de valeur que le monde ne m’octroie
    Lui m’aime entier là où d’autres prêtent attention à une parci-moi-nie
    Peut-on parler de fierté alors qu’être au monde ne souffre d’aucune comparaison ?

    Je ne fais pas partie de ces aspirants à la disparition
    Je rêve seulement d’un monde plus juste, où les valeurs seraient renversées
    Je souhaite que le continent englouti face surface à nouveau
    Et que l’Amnésie disparaisse dans les entrailles de la terre
    Je sais que le Séraphin et son armée angélique est déjà là, à ce signe que le monde perdure malgré les excès.

     

  • A hauteur d'homme

     

    les fruits de la technologie se jaugent à l'aune de critères techniques,

    quand bien même  l'homme fût à l'origine de ladite intelligence artificielle.

    Un déluge d'effets conçus scientifiquement escamotent la performance humaine,

    et mieux vaut l'imperfection chaleureuse qu'une perfection froide et déshumanisée.

    A l'heure de la médiatisation des superhéros dotés de super-pouvoirs,

    le monde manque cruellement d'un héros qui soit avant tout humain, trop humain.

    Car qui, plus qu'un homme, issu du fruit de la terre, pourrait assumer un rôle de sauveur de l’humanité ?


    L’invocation de Dieu, sous quelque forme qu’IL soit interpelle peu, chiffres à l’appui,

    Alors que la question du mal, des ténèbres absolues et de l’humanité du Christ se vend à plein régime…

    Voilà donc l’homme parvenu à l’association suprême d’avec le Divin Maître, qu’il suppose accessible.

    C’est dire si l’ire et l’Heure sont proches aussi vrai que l’ère est impure,

    Car quand la raison remplace l’esprit, la vérité n’est plus que noyée dans un brouhaha de pensées

    Et c’est à qui braiera le plus fort, fort de sa petite théorie qui ne vole pas plus haut que les limites de ce monde.

    Or le mental n’a pas le droit de siéger dans la cité de Dieu

    Et l’orgueil démesuré de l’homme rend insignifiant l’Acte juste et la Parole vraie


    Au milieu des loups, l’agneau se fait petit serviteur

    Et endure les blasphèmes proférés sur les Saints Noms de Dieu

    Mais quand point le lion, tous les animaux sont sans coup férir mis au diapason, dociles à la vibration.

    Les menteurs, d’un jugement hâtif pensent : « schizophrénie ! », mais le soldat aguerri sait, lui, ce dont il s’agit

    Une Voix qui n’a pas de corps est le signe que le limon frémit, ultime évolution de l’homme vainqueur de la mort puisque ressuscité.

    L’homme est né muni d’une épée, mais il me semble qu’un seul d’entre eux possède celle à double tranchant, entendu ?

     

  • Réintégration

     

    Je creuse ma propre terre pour parvenir à la source
    Comprends pourquoi le monde ne m’intéresse pas

    Mon Moi est divisible à l’infini, chacun en constitue une partie
    Quand je vais vers le monde, je me trouve en territoire connu

    L’inconnu ou l’imprévisible n’est qu’un pan encore inconscient
    Mais plus j’explore les abysses, plus ma carte mentale s’illumine

    Je connais parfois la nature véritable d’autrui quand je cesse d’exister, par Sa volonté
    Celui qui demeure alors est une Présence, retranchée de son vêtement d’homme
    Je perce l’apparence et scrute l’entité qui se cache derrière le déguisement

    Le jour où JE sera le Maître de mon univers
    Le jour où les dernières ronces auront été mises à jour puis élaguées
    Sera le moment où le monde n’aura plus de secret qui ne soit dévoilé

     

  • A feu et à sang

     

    J’aurai pu maudire cent fois mon sort, tant les échecs de ces dernières années furent cuisants, sur tous les plans.

    Mais voilà, tel Job, je tiens bon et demeure le témoin vivant de la déchéance de ce corps :

    Tout n’est que plaie et blessures non cautérisées. Je suis à l’image des maudits de Dieu.

    Telle une bête, je suis traquée du levant au couchant, n’ayant nulle part où fuir

    Les flèches et brandons de l’Eternel sont contre moi et mes reins fondent comme cire au soleil.

    Pourtant je n’envie le sort bienheureux de personne et ne me moque de la vie insignifiante d’aucuns

    Il ne reste que moi, juste moi, sans soutènement ni porte d’entrée dans un environnement plus sain.

    Ce n’est pas l’enfer où je survis au quotidien, car je ne crains ni ma mort ni personne

    Disons que je vis consciemment au Purgatoire depuis ce fameux jour de ma métanoïa, il y a quelques années

    Ce fameux lieu où Dieu, en personne, vient réconforter de Sa présence les vicissitudes de la douleur permanente.

    Je n’aspire plus à rien. Un bien, un merci, une fleur me ravissent lorsqu’ils sont offerts de bon cœur

    L’attachement me pèse aussi car tourner mon cœur vers l’homme est une source de déchirement face à son humeur changeante.

    Je m’adapte et je m’efface quand mon sang s’est transmis à un cœur contrit : ma mission secrète sur cette terre sèche

    Je suis seul mais bien accompagné. Qui peut comprendre que je reste vivant dans ma tristesse insondable ?

    Si la douleur n’était plus, je serais je crois mort, privé de cette connivence qui me ravit en joie instantanément.

    Quand je pense que mon chemin n’a été que parsemé de jaloux et d’envieux, de possession et de haine…

    Prenez donc mon corps, soyez dans le creuset de mon âme…vous me supplieriez d’en sortir à l’instant !

    L’esprit qui m’anime quant à lui n’est pas à vendre. Et il n’est pas un substrat que l’on peut s’approprier

    Car je ne le possède pas, en vérité. Il est, de toute éternité, et plane sur moi, telle une épée de Damoclés

    Vouloir me tuer revient à LE nier et je ne suis aucunement responsable du devenir des cœurs…

    Ô Dieu, pourquoi est-ce si difficile d’aimer en esprit et en vérité ?