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l'année du XIII (2008) - Page 6

  • Réintégration

     

    Je creuse ma propre terre pour parvenir à la source
    Comprends pourquoi le monde ne m’intéresse pas

    Mon Moi est divisible à l’infini, chacun en constitue une partie
    Quand je vais vers le monde, je me trouve en territoire connu

    L’inconnu ou l’imprévisible n’est qu’un pan encore inconscient
    Mais plus j’explore les abysses, plus ma carte mentale s’illumine

    Je connais parfois la nature véritable d’autrui quand je cesse d’exister, par Sa volonté
    Celui qui demeure alors est une Présence, retranchée de son vêtement d’homme
    Je perce l’apparence et scrute l’entité qui se cache derrière le déguisement

    Le jour où JE sera le Maître de mon univers
    Le jour où les dernières ronces auront été mises à jour puis élaguées
    Sera le moment où le monde n’aura plus de secret qui ne soit dévoilé

     

  • A feu et à sang

     

    J’aurai pu maudire cent fois mon sort, tant les échecs de ces dernières années furent cuisants, sur tous les plans.

    Mais voilà, tel Job, je tiens bon et demeure le témoin vivant de la déchéance de ce corps :

    Tout n’est que plaie et blessures non cautérisées. Je suis à l’image des maudits de Dieu.

    Telle une bête, je suis traquée du levant au couchant, n’ayant nulle part où fuir

    Les flèches et brandons de l’Eternel sont contre moi et mes reins fondent comme cire au soleil.

    Pourtant je n’envie le sort bienheureux de personne et ne me moque de la vie insignifiante d’aucuns

    Il ne reste que moi, juste moi, sans soutènement ni porte d’entrée dans un environnement plus sain.

    Ce n’est pas l’enfer où je survis au quotidien, car je ne crains ni ma mort ni personne

    Disons que je vis consciemment au Purgatoire depuis ce fameux jour de ma métanoïa, il y a quelques années

    Ce fameux lieu où Dieu, en personne, vient réconforter de Sa présence les vicissitudes de la douleur permanente.

    Je n’aspire plus à rien. Un bien, un merci, une fleur me ravissent lorsqu’ils sont offerts de bon cœur

    L’attachement me pèse aussi car tourner mon cœur vers l’homme est une source de déchirement face à son humeur changeante.

    Je m’adapte et je m’efface quand mon sang s’est transmis à un cœur contrit : ma mission secrète sur cette terre sèche

    Je suis seul mais bien accompagné. Qui peut comprendre que je reste vivant dans ma tristesse insondable ?

    Si la douleur n’était plus, je serais je crois mort, privé de cette connivence qui me ravit en joie instantanément.

    Quand je pense que mon chemin n’a été que parsemé de jaloux et d’envieux, de possession et de haine…

    Prenez donc mon corps, soyez dans le creuset de mon âme…vous me supplieriez d’en sortir à l’instant !

    L’esprit qui m’anime quant à lui n’est pas à vendre. Et il n’est pas un substrat que l’on peut s’approprier

    Car je ne le possède pas, en vérité. Il est, de toute éternité, et plane sur moi, telle une épée de Damoclés

    Vouloir me tuer revient à LE nier et je ne suis aucunement responsable du devenir des cœurs…

    Ô Dieu, pourquoi est-ce si difficile d’aimer en esprit et en vérité ?

     

  • heureuse imperfection

     

    Je n’écris la plupart du temps que sous l’emprise de la colère
    Et celle-ci est atténuée sept fois avant d’accoucher en maux

    Ici pas d’exutoire ni de règlements de comptes : un jugement veut prendre forme
    Je ne relate que l’imperfection chronique puisqu’il m’est donné de voir la Perfection

    Le discernement ne s’acquiert que par le feu de la pratique
    Le quotidien est l’exercice au sein duquel les actes prennent racine

    J’ai un problème avec l’ « imperfection heureuse » qu’on nous vend comme la Nouvelle perfection
    Car en quoi le fait d’exister serait un prétexte à tous les péchés ?

    L’habitude tue, comme la contrainte et l’obligation sous quelque forme qu’elle se terre
    Le Principe de Perfection n’est pas une tâche ou un objectif inaccessible

    Dans la liberté de créer est un droit et un devoir que peu d’hommes s’octroient
    Et le monde agonise de tous ces actes subjectivement « bons », pratiqués dans l’oubli de soi

    Ce qui est bon, c’est qu’ils aient peur à nouveau
    Ceux là qui se vêtent de la mort et emprisonnent le Vivant, d’un regard ou d’un mot

    Le rythme s’accélère et le freiner c’est empêcher ce qui doit advenir d’être
    Continuer dans cette voie c’est provoquer l’inéluctabilité d’un châtiment sévère

    Mais sans doute est-ce ce que veulent ces personnes : un réveil brutal sans retour à l’ancien possible
    Dans ce cas, comptez sur moi pour être le trublion de vos fêtes et l’assassin de vos joies

     

  • le culte de la performance

     

    Je suis ce que je suis et non pas qui je crois être
    Nombreux ceux qui s’érigent en juges injustes ou en tyrans notoires
    Or un bâton a toujours deux bouts,
    et les bourreaux d’un jour se retrouvent victimes le lendemain.

    Mais il n’y a pas de victimes, juste des êtres irresponsables
    qui, du libre arbitre, n’ont décidé de retenir que les droits.
    pas étonnant donc que le mensonge soit roi
    là où l’effort de sincérité et de vérité envers soi-même est faible voire inexistant

    Ce n’est pas une personne fictive qui vous parle
    même si j’ai choisi le couvert du pseudo–anonymat
    dans la rue comme chez moi, je suis toujours à l’Heure
    et ne m’invente pas une vie parallèle, tissée d’imaginaire

    Il fut un temps où je dessinais des symboles
    Aujourd’hui je les vis, je suis sur le chemin de mon devenir
    Au-dessus de moi ne plane pas l’épée du jugement,
    Et mon ombre me suit à la trace, fidèle tel un chien

    la vie est comme un film dont Dieu serait Le réalisateur :
    tout le monde voudrait avoir les premiers rôles
    en criant : regardez-moi, ne suis-je pas bon acteur ?
    tout ce que j’ai réussi, c’est à base de persévérance et de fausses croyances…

    mais les bons acteurs ne jouent pas, ils sont eux-mêmes, nus
    et ce qui est touchant est justement ce qui échappe au contrôle
    c’est en cela que l’on reconnaît l’humanité comme la bonté :
    accepter sa tâche c’est se débarrasser des masques de nos oripeaux.

     

  • Ce néant de Dieu

     

    Il y a un léger malentendu dans l’ « oubli de soi »
    Et c’est juste une question de syntaxe.

    Notre salut c’est l’oubli de soi, du « moi », le souci d’autrui.
    Eux, ils ajoutent faute sur faute dans l’oubli du Soi :
    Ce néant d’être, cet irrespect dans l’expansion de l’ego
    Oublieux jusqu’aux règles mêmes de bienséance.
    Dans l’établissement des comptes, ils augmentent leur crédit
    Ils étouffent sans le savoir dans un bourbier sans fin, à hauteur de tête.

    N’étant point accompagné, ils emmènent autrui dans la tombe
    Mais cela est le cadet de leur souci…et ils se targuent d’être vivants,
    Alcool et stupéfiants aidant !
    Evidemment, ils font aussi partie du jeu, mais en fin de partie, ils seront game over


    Une juste définition de l’homme serait : « toute personne qui s’identifie à son corps »
    Ou plutôt celui qui se cache et se terre dans le corps,
    Celui qui n’a rien amassé, de son vivant, dans le jardin du ciel.

    La fin du monde a déjà eu lieu, puisque tout le monde est déjà mort
    Les quelques rares survivants, puisque vivants par delà la mort
    Sont les amis de Dieu, peu importe leur confession.
    Ils sont ceux qui ont fait un pacte avec le ciel et ses agents

    Si tu ne partages pas ce point de vue,
    C’est que ton œil est terne, ta vision des phénomènes obscurcie
    L’œil étant la lampe du corps, tu n’es pas loin d’avoir trahi !

     

  • percé du regard

     

     Coran 6,102 et 103

    "Voilà Dieu, votre Seigneur ! Il n'y a de divinité que Lui, Créateur de tout. Adorez-Le donc. C'est Lui qui est chargé de tout. Les regards des hommes ne l’atteignent pas, mais il scrute les regards. Il est le Subtil, il est parfaitement informé."

     

     

    Il n’y a presque plus d’hommes libres dans les rues des villes
    Juste des regards appuyés, des attitudes figées et des yeux emprisonnés donc emprisonnants
    Le jugement est presque partout, les humains ne répondent qu’à des stimulus, telles des objets mécaniques
    Cœurs éteints, scellés ; bouches bées et fronts plissés à souhait : chacun chancelle et titube allègrement


    Il n’y a plus de voyants de nos jours, juste des voyous et des voyelles putanisant leurs don pour un menu fretin :
    Par soif de domination, de contrôle, de manipulation, par méchanceté, peur ou pour de l’argent,
    les médiums de pacotille pullulent et ululent sans être inquiétés
    ils font mouche et touchent des proies encore fragiles dans la connaissance de soi


    La vie est un combat, voilà le leitmotiv que nous rabâchent depuis l’aube ceux que l’on nomme « éducateurs »
    Pas étonnant que chacun, pour un peu d’énergie volée sans crier gare, s’immisce dans la faille ou la plaie
    Et le monde d’agoniser devant tant de crimes, fautes et péchés contre l’esprit
    Ne sommes-nous pas pourtant tous reliés ? N’avons-nous pas pour tâche de combler avant tout notre propre plaie ?

    Il eut été un peu naïf de conclure cette courte note sur un trop grand espoir
    Le temps de la conversion étant, je le crois, clos
    Aussi m’adresserai-je ainsi aux plus ivres d’entre les récalcitrants, experts en larcins de tout genre :
    Vous n’allez sans doute pas me croire, mais, et c’est quelqu’un que vous niez qui me l’a dit : il vous reste encore très peu de temps…

     

  • Les apparences sont trompeuses

     

    Aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours choisi, de façon à demi consciente,  des niches, à tous les niveaux.
    La spiritualité en est une, si on la considère d’un point de vue christique.
    Est-il utile de rappeler ici le triste sort qui lui fut attribué, hier et aujourd’hui encore ?
    Il est évident que la relation tissée avec le Maître relève de l’indicible et du profondément intime
    Les seuls points susceptibles d’être relatés concernent la compréhension du mystère de la Déité en l’homme
    Et, signe des temps, cette vérité n’intéresse de nos jours presque plus personne
    Tant l’immédiateté est de mise, tant la patience n’a plus prix, tant la perspective du chemin semble aride voire amère.


    Néanmoins, parler d’autre chose reviendrait à renier mon être
    Et il n’est pas question de se travestir ici pour un menu fretin
    Je saurais donc me passer de ce que la chaleur humaine nécessite de contrepartie tue
    La solitude ne m’est pas inconnue et je m’accommode somme toute assez bien de la Présence du Vide en moi.
    Ce n’est pas sans regrets que j’eus souhaité touché plus d âmes
    Mais les temps actuels sont, je le comprends, plus propices au tout extérieur
    Tout du moins à ce qui détourne de l’essentiel et promets monts et merveilles ainsi que preuves tangibles et rapides.


    Choisir une niche n’est pas synonyme de tranquillité mais plutôt de lutte acharnée
    Il arrive cependant qu’un jour on finisse par ne plus espérer et que l’on renonce à ce qui était convoité
    En sacrifiant sa propre volonté, on peut se sentir abandonné, mais derrière un mal parfois se cache un bien.
    Et marcher dans des tréfonds inconnus peut paraître non conventionnel, mais les voies du Seigneur n’ont pas toujours la forme que l’on imagine.
    J’ai toujours choisi une niche, comme ces chiens tenus en laisse, que le quidam juge malheureux, méchant  ou apeuré
    Fidèle et dévoué à son maître aux réactions imprévues et parfois violentes, d’aspect rude et bourru
    Mais qui, une fois détaché de sa laisse, se rue sur les gens avec un trop plein de vie, pour leur faire la fête.